L'ultime épisode: celui de Mme Claudon
ULTIME épisode du procès Villemin, dont les auditions touchent presque à leur fin: le témoignage de la fermière Marcelle Claudon. Celle-ci aurait rencontré Bernard Laroche en voiture près de chez les Villemin le jour de l'enlèvement de Grégory. Un gendarme, favorable pourtant à la thèse de la culpabilité de Laroche, module ce témoignage.
Marcelle Claudon est considérée comme un des témoins clés du supplément d'information ayant abouti, le 3 février dernier, au non-lieu en faveur de Christine Villemin. Les magistrats dijonnais avaient appris que le jour du meurtre, circulant aux abords de sa ferme en compagnie d'un ami de la famille, elle avait croisé une voiture dans laquelle elle avait reconnu Bernard Laroche, à l'heure présumée de la disparition de l'enfant.
Mais elle aurait tu cette rencontre aux enquêteurs, car l'homme qui était avec elle, Claude Colin, un contrôleur de car, aurait dû être à son travail à ce moment-là. Cependant, elle aurait raconté cet épisode à plusieurs personnes, qui sont venues en témoigner devant la cour d'assises. Quant à Mme Claudon, elle n'a jamais voulu répéter officiellement les propos qui lui sont attribués.
Le gendarme Jean-François Lachaussée donne sa version de ce nouvel épisode. Selon lui, Claude Colin lui a confié en privé, avec réticence, qu'il avait bien croisé un homme en voiture verte, comme Laroche, mais alors qu'il montait chez les Claudon, vers 16 h 30, et était alors seul dans sa voiture.
Lachaussée n'y croit pas trop. Il pense que la présence sur les lieux de Mme Claudon a été exagérée, «un peu, beaucoup déformée» par la suite pour la simple raison que «le renseignement sur M. Colin a transpiré».
Cependant, cela n'ébranle pas sa conviction: l'homme en voiture était bien Bernard Laroche, «qui effectuait des repérages».
Pour M. Lachaussée, «la déclaration de Colin était la bonne; sorti de ça, il faut faire abstraction des petites choses qui ont pu être dites». Mme Claudon, Claude Colin et d'autres témoins de cet élément du dossier seront entendus aujourd'hui.
En début d'audience, la cour d'assises a rejeté la demande d'audition de Maurice Simon, l'ancien président de la chambre d'accusation de la cour d'appel de Dijon, formulée mardi par la partie civile. Le juge Simon avait mené la nouvelle instruction de l'affaire Grégory, qui avait conduit à l'arrêt de non-lieu en faveur de Christine Villemin. Il avait dû s'interrompre en 1990 pour raisons de santé.
Pour la partie civile, Me de Montille s'était étonné que le juge Simon n'ait pas entendu, lors de son supplément d'information, des experts favorables à Laroche et souhaitait qu'il s'en explique à la barre. Le président Ruyssen a estimé, au contraire, que «tous les points litigieux ont été complètement développés» lors du procès, et que «tous les experts ont été entendus à l'audience».
B. D. (avec AFP).